Poetry

J’écris comme je dessine. Je dessine comme je rêve. J’écris ce que j’ai vu quand je rêvais.
Je marche dans la nature, autour de dolmens, sous les falaises.
J’avance, les pieds dans une rivière de pierres, à pas peureux dans une forêt primaire.
J’écris 24 phrases dans une maison sauvage.
J’archive mes rêves durant 21 nuits.
J’écoute le déluge, j’invente 7 poèmes.
Je construis un monument anonyme et j’écris l’histoire des autres qui passent et qui racontent.
J’attends trois saisons pour raconter l’histoire.
J’imagine une ère télépathique.

Et puis, il y a «elle» et «lui» deux êtres qui cherchent à voir le monde ensemble et qui traversent l’écriture.

Je récolte des images, et j’écris en me baladant à l’intérieur.
Le paysage se transforme, envoûtant.
J’aime y retourner, photographier sa métamorphose.

Je n’aime pas savoir, je préfère marcher.

 

Déluges    Livre d’artiste, coffret collectif This Is The Girl  (éditions Méridianes) 2019   

livre déluges

Poésies du livre – ensemble          traduction en grec

extrait  Part VI « Lindos »

Ils plongent, profil taillé dans le ciel.
Deux nuages capturent leurs ombres sous-marines.
Les corbeaux s ‘agitent, hurlent et tournoient.

Dans le creux des lignes de la mer, on pense à ce qu’il reste.
Les genoux serrés, et les mains en attente,
Devant la grande danse, la psyché des rameaux

Les asphodèles en ronde, les courbes en pointillé,
Et dans un petit cercle, on pourrait regarder
Nos initiales écrites datées d’antiquité.

Le temps d’un éclair, notre maison fut temple.
Sur nos têtes se dressent deux couronnes imparfaites.
Y fut inscrite l’histoire, aussitôt oubliée

Part VII « Le chant »

Un rameau se disperse, une vague se fend, un corbeau s’éveille.

Prémices d’une ère télépathique       Livre d’artiste (éditions Méridianes) 2018

couverture livre

extrait

« Ça s’est passé là bas, une personne a été retrouvée dans une grotte stalactite. Elle avait fait du feu avec ses cheveux, puis ses vêtements et puis on ne sait pas. Seulement elle, elle est restée longtemps à vivre dans cet arc polaire. Quand on l’a trouvée, elle parlait avec les blancs, tous les blancs, elle les nommait. Elle avait fabriqué aussi du bleu et du vert. Elle cherchait une harmonie colorée. Enfin, c’est comme ça qu’on le comprenait.

Elle chantait et c’était beau, comme un chant d’oiseau, une incantation, et elle tournait sur elle-même, les pieds nus, givrés et elle aussi complètement givrée. Et nous, ça nous parlait malgré tout, malgré sa langue et sa nudité. Quand elle dansait, on voyait traverser toute la vie en accéléré, comme sortie d’un passé qui nous appartenait.

Je me souviens de ses paupières serrées et de ses mains rouges. Le froid ne sortait même plus de sa bouche et nous avions oublié cette température extrême. Ça doit ressembler à ça, ce moment dont parlent les autres. Quand tout se confond comme si nous avions vécu là avant, avant une ère sans lumière.»

Poésies du livre  

EXTRAIT Chant et composition : Jeanne Chevalier   Piano : Claire Viain
enregistré par Jean Philippe Ruby, texte : Lise Chevalier

Il faudra trois saisons       Livre d’artiste (éditions Méridianes) 2014
couverture-lise-chevalier

Poésies du livre

extrait

Lui – Quand j’étais enfant, je vis un soir un grand-duc…. (silence) Je ne sais pas pourquoi, mais quand je suis avec toi, je parle de mon enfance.

Elle – Quand je suis avec toi, je pense à la mer, je pense à la forêt, je pense aux falaises de craie, aux pierres volcaniques. Je pense à cet état d’urgence que tu me fais vivre. Il faudrait oublier tous ces pas entre la maison et la mer nocturne, entre le jardin maternel et la chambre d’enfant.

long silence

Tu traversais déjà mes paysages avant que je ne te rencontre. Je rêvais alors du soleil de minuit en Laponie finnoise, d’aller m’isoler à Isola Bella, sur le lac Majeur. Les amphibiens, les amphibiens, les amphibiens… Les belles fleurs d’Alaska. Au loin, d’immenses icebergs où je pouvais rejoindre mon lit dans un igloo.

Lui

– Suis -je entré

Elle

– Je ne sais pas. Tu n’avais droit qu’à trois tentatives pour tomber des montagnes. Tu me traquais lorsque j’étais chasseuse. Puis, des lignées de paons faisaient la roue au bord des falaises, accompagnées des Doors qui jouaient light my fire. Le royaume était en feu.Tous les arbres brûlaient, il me fut interdit de documenter l’incendie. Les chimères, les chimères…